TECHNIQUE DE L'ESCRIME

 

Il existe des gestes techniques bien spécifiques à chaque arme, mais il y a des techniques communes aux trois spécialités, et dont la bonne maîtrise constitue une part essentielle dans la progression .

 

Les techniques de base sont :

  • la position de garde
  • la tenue et les différentes positions de l'arme
  • les déplacements (les principaux déplacements sont appelés "fondamentaux")
  • l'attaque
  • la parade
  • la riposte

Aux trois armes, le combat courtois entre deux escrimeurs est un assaut. Lorsqu'on tient compte du résultat, on l'appelle match.

 

Tout combat peut comporter trois phases, précédées ou non de préparation : l'offensive, la défensive ou la contre-offensive. 

 


LA GARDE

 

C'est l'unique position permettant d’être à la fois prêt pour l’attaque et la défense.

  • Le buste est droit
  • Le bras arrière est relevé
  • Le bras armé est fléchi, la pointe de l'arme est plus haute que la coquille et menace l'adversaire
  • Les jambes sont fléchies
  • L'écart entre les talons est a peu près de la largeur des épaules

De sa bonne exécution dépend tout ce que l’on peut réaliser en escrime.

 

 


LA TENUE DE L'ARME

 

L’arme se tient avec une seule main, on l'appelle la main armée.

 

Le pouce se place sur le dessus de la poignée et l’index dessous en opposition pour former une "pince". Les autres doigts se referment autour de la poignée. Le pouce et l’index doivent toucher le coussinet.

 

Il faut tenir l'arme fermement mais sans se crisper.

 

Cette tenue permet d’avoir la main protégée par la coquille et de pouvoir être plus précis puisque l’arme est équilibrée au niveau de la coquille.

 


LES LIGNES

 

Une ligne est la partie de la cible par rapport à la position de l'arme du tireur.

Il y a quatre lignes : deux hautes (dessus, dedans) et deux basses (dehors, dessous).

 

Les quatre lignes sont :

  • Ligne du dedans : Ligne haute gauche du tireur.
  • Ligne du dehors : Ligne basse droite du tireur.
  • Ligne du dessous : Ligne basse gauche du tireur.
  • Ligne du dessus : Ligne haute droite du tireur .

 

 

 

 

 

LES POSITIONS DE L'ARME POUR PROTEGER LES LIGNES

 

LA PRIME

 

La pointe de l'arme est plus basse que la main qui est renversée, pouce en dessous, le tout en pronation (paume de la main et ongles orientés vers le sol).

Cette position couvre la ligne du dessous. Outre son utilisation pour des parades basses au sabre, elle est très utilisée en corps à corps à l'épée.

Décrite par Maîtres Girard et Camille Agrippa en 1736, elle tire son nom du fait qu'elle est censée être la première position adoptée par la main lorsque la lame sort du fourreau.

LA SECONDE

 

Très proche de la prime, la pointe de l'arme est plus basse que la main qui est elle-même en pronation.

Son utilisation est principalement limitée au sabre pour des parades basses.

LA TIERCE

 

Elle a été définie par maître Danet en 1766. C'est actuellement la position de garde au sabre.

La main, en pronation, est à droite pour les droitiers, et à gauche pour les gauchers. La pointe de l'épée est plus haute que la main, le bras est replié contre le corps jusqu'au coude, qui forme un angle perpendiculaire avec l'avant-bras.

Jusqu'au XIXe siècle, elle était la position de garde des trois armes (fleuret, épée et sabre). Aujourd'hui, la sixte l'a remplacée dans cet usage au fleuret et à l'épée.

La tierce demeure cependant de nos jours la position de garde majoritaire au sabre.

LA QUARTE

 

Elle couvre la ligne du "dedans", elle permet également de riposter, (parer en quarte, ...). La main est du côté opposé à la Sixte, les ongles sont dessus, la pointe dirigée vers l'adversaire.

LA QUINTE HAUTE

 

Utilisée au sabre. La lame se positionne horizontalement au-dessus et en avant de la tête.

 

Elle est utilisée afin de pouvoir parer les attaques visant les parties hautes du corps (tête, épaules). Cette position n'a aucune utilité à l'épée et au fleuret où les coups sont portés avec la pointe (estoc)

LA QUINTE BASSE

 

C'est en fait une position de quarte, mais en pronation : les ongles sous la main (la quinte est à la quarte ce que la tierce est à la sixte).

Au fleuret et à l'épée, cette position est principalement utilisée dans la parade de "quinte en cédant" (appelée à tort "quarte en cédant")

LA SIXTE

 

C'est la position de garde au fleuret et à l'épée, ce qui fait d'elle la position la mieux connue du grand public et des néophytes puisqu'elle est toujours exécutée au début de chaque assaut.

La main est en supination (paume et ongles vers le ciel) et la pointe de l'arme est légèrement plus haute que la main. Le bras est replié contre le corps jusqu'au coude, lequel dessine un angle perpendiculaire avec l'avant-bras.

C'est une position idéale pour maintenir l'adversaire à distance respectable en le menaçant d'une touche par simple allongement du bras. Elle permet tout aussi bien de se défendre que d'attaquer, soit directement par un développement ou une prise de fer, soit indirectement en lançant des feintes, des parades ou des ripostes. Elle permet également de protéger l'avant-bras armé, partie la plus en avant du corps, derrière la coquille de l'arme.

C'est la position de garde à l'épée et au fleuret depuis le XIXe siècle (auparavant, la position de garde était la tierce, qui demeure aujourd'hui la garde au sabre)

LA SEPTIME

 

C'est une position méconnue. Il s'agit, pour deux tireurs de la même main, de la position la plus éloignée. C'est néanmoins une parade utilisée surtout face à un adversaire plus petit et de main contraire.

La main est en supination (paume et ongles vers le ciel) et la pointe de l'arme est légèrement plus basse que la main (mais dirigée vers une cible de l'adversaire). L'avant bras est collé contre le buste et la main fait un angle avec l'avant bras.

Elle est principalement utilisée en tant que parade afin de défendre la cible dessous.

L'engagement de septime peut-être utilisé pour générer une réaction de l'adversaire et en tirer parti. Cet engagement est toujours surprenant.

L' OCTAVE

 

L'arme en supination (les ongles dessus) : la pointe est plus basse que la main et se situe en ligne basse dehors.

Elle a été définie en 1755 dans l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert. Elle est utilisée afin de pouvoir parer les attaques visant les parties basses du corps.


LES DEPLACEMENTS

 

LA MARCHE

 

La marche permet de s'approcher de l'adversaire pour l'attaquer.

 

Principe : déplacement vers l’avant, en partant de la position de garde.

 

 

Pour marcher, on avance d'abord le pied avant, puis on ramène le pied arrière à sa distance initiale dans le laps d'un temps d'escrime. La marche commence avec l'élévation de la pointe du pied avant et se termine lorsque le pied arrière est revenue à sa position initiale.

Le déplacement des différents segments sera coordonné et le plus « léger » possible, ce qui permettra vitesse, équilibre, rythme, blocage…

 

Pour le changement de rythme, il faudra privilégier les petites marches permettant un meilleur équilibre et moins de risque d’être attaqué durant le déplacement.

 

LA RETRAITE

 

La retraite permet de s'éloigner de l'adversaire pour éviter de se faire toucher.

 

Principe : déplacement vers l’arrière, en partant de la position de garde.

 

 

Il s'agit de la marche en sens inverse. Elle commence par le recul du pied arrière et se termine lorsque le pied avant est revenu à sa position initiale.

 

LA FENTE

 

La fente, aussi appelée le développement, n'est pas un déplacement classique mais plutôt une amorce offensive.

 

Principe : avancer de façon explosive sur l'adversaire en partant de la position de garde.

 

Il s'agit de "fondre" sur l'adversaire en allongeant le bras armé puis en relevant son pied avant et en avançant celui-ci d'environ 90 centimètres en poussant le plus fortement possible de la jambe arrière.

Pour une efficacité maximum, ce mouvement doit partir d’une position fléchie et se terminer par « quelques points clés » : l’arrivée du pied avant par le talon, la jambe arrière tendue et le pied arrière à plat (équilibre), la jambe avant formant un angle droit (tibia, fémur), le buste droit, le bras arrière étant projecteur (vitesse) et équilibreur.

 

Cette action nécessite une très bonne coordination bras et jambes. La vitesse et la puissance de ce mouvement en font une action très efficace.

 

LA FLECHE

 

La flèche permet d'atteindre la cible par une très brusque accélération.

 

Autre forme d’action pour attaquer son adversaire, elle n’est autorisée qu’au fleuret et à l’épée.

Elle s'effectue en partant de la position de garde. Le facteur déclenchant de ce mouvement est un déséquilibre avant du poids du corps provoqué volontairement, coordonné avec une poussée de la jambe avant, celle-ci projetant le corps.

La reprise d’équilibre s’effectuant par le passage de la jambe arrière devant la jambe avant, et se terminant souvent par une petite course pour retrouver une position de garde.

Cette action n’est pas obligatoirement travaillée par tout le monde et reste utilisée par des tireurs qui sentent bien ce mouvement « fléchard ». Il est donc nécessaire que ces déplacements soient exécutés en parfait équilibre afin que le déclenchement des offensives soit le plus efficace possible.

 

AUTRES DEPLACEMENTS

 

Le bond avant et le bond arrière qui s'effectuent en lançant le pied concerné (avant ou arrière). Il entraîne alors le corps vers l'avant ou l'arrière. Les deux pieds doivent toucher le sol en même temps.

 

La passe avant (interdite au sabre parce qu'elle fut trop souvent utilisée pendant les assauts en étant terminée par la flèche, faisant ressembler les déplacements des sabreurs à de la course de sprint plutôt qu'à de véritables déplacements d'escrime. Dans l'histoire de cette arme, l'interdiction de la passe avant coïncide presque avec l'électrification du sabre et de tous les autres changements consécutifs apportés au règlement) et la passe arrière qui s'effectuent en croisant les jambes (Ces deux mouvement sont interdits au fleuret jusqu'au minimes).

 

La ballestra, qui généralement précède une fente (et au sabre, une marche ou une double marche, procédé fréquemment utilisé par les sabreurs de l'ancienne URSS dans les années 1980), est une sorte de bond avant, sauf qu'au lieu de poser les deux pieds à terre en même temps, le pied avant va faire un « appel » (c'est-à-dire frapper fort du talon) afin de déstabiliser l'adversaire qui aura tendance à avoir une réaction de surprise.

 

Le redoublement de fente s'effectue à la fin d'une fente :

- Il y a le redoublement arrière qui consiste à ramener son pied arrière en position de garde et à se fendre à nouveau tout en maintenant la pointe menaçante en direction de l'adversaire et en raccourcissant son bras (sabre ou fleuret plutôt) ou non (épée plutôt).

- Moins utilisé est le redoublement avant. Lorsque l'on est fendu on ramène le pied avant pour être en position de garde et l'on se fend à nouveau. Ce redoublement se fait donc en restant au même endroit et est surtout défensif pour par exemple faire une parade riposte. Ce mouvement est très technique et demande une temps de réaction très rapide.

 


L' ATTAQUE

 

C'est l'action offensive initiale qui s'effectue en allongeant le bras, la pointe menaçant la surface valable et coordonnée avec une progression des appuis vers l'avant (fente, flèche). Cette action donne la priorité aux armes conventionnelles (fleuret et sabre). Elle est destinée à toucher l’adversaire.

 

 

L'attaque peut être : simple (effectuée en un seul temps) ou composée (précédée d'une ou plusieurs feintes).

 

Il existe 3 attaques simples :

  • Le coup droit (ou tiré droit), comme son nom l'indique, est une touche portée tout droit (en restant dans la même ligne).
  • Le coupé, consiste à changer sa lame de côté par rapport à la lame adverse, en la contournant en passant par dessus la pointe, avant de porter la touche.
  • Le dégagement (ou dégagé), consiste à porter la touche après avoir changé sa lame de côté par rapport à la lame adverse en la contournant par la coquille de l'adversaire.

Ces trois attaques simples peuvent avoir été précédées d'une ou plusieurs feintes ; on parle alors d'attaques composées : les plus utilisées sont le "une-deux" et le "doublé" (une feinte de dégagé ou de coupé suivi d'un dégagé (appelé « trompement » qui consiste à éviter la parade adverse), la feinte de coup droit-dégagé, la feinte de coupé-coupé... tout ceci en changeant de ligne horizontale et/ou verticale et/ou diagonale.

 

L'attaque, simple ou composée, peut être précédée de préparations d'attaque. On distingue :

  • Les attaques au fer : elles ont pour objet d'écarter le fer adverse sans forcément le maîtriser. On distingue : le battement (ou batté), la pression, le froissement.
  • Les prises de fer : elles ont pour objet d'écarter le fer adverse en conservant la maîtrise jusqu'à la touche. On distingue : l'opposition, le liement, le croisé, l'enveloppement.

Le contact des fers, l'engagement, peut permettre au tireur avant l'attaque de juger son adversaire et notamment de prévoir ses coups. La sensation tactile correspondante (plus efficace que le regard) se nomme en escrime le sentiment du fer. Dans l'escrime moderne, l'engagement devient de plus en plus rare, mais le "sentiment du fer" conserve sa valeur lors des autres occasions de contacts des fers (parade, prise de fer...).

 


LA PARADE

 

Il existe plusieurs moyens pour se défendre, le premier moyen est la parade.

 

Les parades sont des actions défensives dont le but est de s'assurer d'obtenir la riposte et de toucher. Elles écartent la lame adverse de la cible.

 

Les parades principales correspondent aux diverses positions de la main, et sont au nombre de huit : la prime, la seconde, la tierce, la quarte, la quinte, la sixte, la septime et l'octave. (voir plus haut)

 

On distingue les parades principales selon la position de l'avant-bras.

En supination, ce sont les parades de sixte (position de la garde dans les armes de pointe), quarte, septime, octave. Dans toutes ces positions, le pommeau de l'arme est au-dessus de la main.

En pronation, ce sont les parades de prime, seconde, tierce (position de la garde au sabre) et quinte. Dans ces positions, le pommeau est

sous la main.

 

Les parades circulaires (par exemple le contre-de-sixte) consistent en un mouvement circulaire de la lame se terminant dans la position de départ (en sixte pour un contre-de-sixte, en quarte pour un contre-de-quarte, etc.). Ce mouvement circulaire permet d'intercepter la lame adverse et de la bloquer dans la position d'arrivée, pour ensuite conduire la riposte. À chaque parade correspond ainsi une

parade circulaire. La plus usitée est le contre-de-sixte (au fleuret et à l'épée), action redoutable et particulièrement efficace si le tireur l'exécute avec la rapidité nécessaire.

 

La retraite permet d'éviter de se faire toucher en gardant l'adversaire à distance.

 

L' esquive est un mouvement qui écarte une partie de son corps afin de ne pas être touché.

 

La contre-attaque (le plus souvent en épée) permet de toucher avant l'adversaire sur son attaque sans écarter sa lame

 


LA RIPOSTE

 

Au fleuret ainsi qu'au sabre, la parade donne la priorité à l'attaque qui la suit et que l'on nomme riposte : action offensive destinée à toucher l'adversaire après la mise en échec de son attaque.

 

Cette riposte peut également être parée. La contre riposte est alors l'action offensive qui suit la parade de la riposte, et ainsi de suite…

 

Si la parade n'est pas suivie d'une riposte, le tireur qui a paré peut subir une remise d'attaque (dangereuse car il est alors difficile d'exécuter plusieurs parades successivement).

 

Il appartient à l'arbitre d'apprécier, suite à une parade, l'intervalle de temps pendant lequel la riposte peut être effectuée en conservant sa priorité. Ce laps de temps n'est pas défini strictement : on parle de "temps d'escrime" pour désigner la fraction de seconde nécessaire à un escrimeur pour exécuter une action simple, telle que l'allongement du bras par exemple. Ainsi, une riposte immédiate (dans le temps

d'escrime) doit être jugée prioritaire sur la remise d'attaque.

À l'épée, il n'y a ni "priorité" ni "temps d'escrime", ou autres conventions de ce genre. La riposte est libre.